Un live à la sauce Western-Spaghetti

           

                    

Un concert Rock dans le Far West, qui n'a pas eu l'envie une seule fois même par curiosité s'il pouvait de claquer des doigts et d'y être " juste pour voir comment c'était "! Alors je suis sympa, je vous fait la démo, et me transforme en reporter de l'époque de l'Ouest américain, comme si vous y étiez, et puis, qui vous dit que c'était pas comme ça ? et tututut pas de " et le rock sa existait pas non ? ", on met les pieds à l'étrier visage pâle !

Ce soir la, un nouveau groupe de la vallée jouait à Virginia City, la gazette "Virginia Weekly" pour laquelle je bosse m'a demandé un papier , c'est l'évènement du mois (en fait le seul) , alors j'y vais .

Je prépare mes affaires, un crayon, mine taillée (plus ou moins, avec ce que je pouvais), une feuille de papier, j'enfonce mon stetson sur mon crâne , il est criblé de balles perdues , une longue histoire -lors d'une cavalcade le long de la rivière à la poursuite de types censés avoir trouvé de l'or- enthousiaste à l'idée de voir ce groupe venant de l'autre côter du Mississippi dans cette ville fantôme, ou tout du moins qui le deviendra bientôt.

Je traverse la rue à pied, passe devant l'épicerie. Le saloon était bondé, la grosse Marta écrasait les touches du piano disposé dans l'entrée,les notes sortant du piano n'en étaient plus vraiment, ses cuisses y étaient comme collées.Un habitué la fixait (un alcoolique notoire, elle les adore), après trois litrons de Whisky, Marta devait lui sembler la plus belle fille de ce côter de la vallée, au moins; même l'auge de son cheval attelé dehors devant la boutique du barbier ne pourrait pas contenir autant d'alcool que son corps en ce moment précis. 

J'ai donc préféré rester éloigné de la scène, un vrai soir de fête du village, comme si les mineurs avaient enfin trouvé de l'or dans le coin, des bouteilles pleines sur le bar et vides sur le sol,entre les joyeuses putains et les jeunes cheminots à peine en âge de monter en selle. Eddy, le barman lisse ses moustaches, sûrement en signe de satisfaction, son bar était plein à craquer, ça doit le changer.

Puis au dessus du brouhaha habituel, et des verres qui s'entrechoquent,j'entends un bruit sourd mais mélodique qui attire mon attention, un air d'harmonica file dans l'air et une voix, une voix qui noue ma gorge, qui m'hérisse les poils des bras pendant quelques secondes. Un homme tenait une guitare et baladait sa main droite sur elle comme si son métier était tisseuse ou couturière,une aisance dont j'ignorais l'existence sur ce genre d'instruments,la guitare était comme accrochée à lui et accordée a son rythme,les sonorités m'étaient inconnues, pour un passionné d'écriture comme moi rien d'étonnant,(j'avais néanmoins essayé le violon plus jeune mais je cassais toujours l'archet lorsque je jouais, n'ayant ni boutique proche, ni argent, j'ai arrêté ma carrière avortée dans l'oeuf...).

La mélodie envahissait mes tympans d'ondes positives tout comme l'atmosphère du saloon , en tout cas de mon point de vue. Je restais immobile et commençais a m'imaginer loin d'ici, vers l'est, dans une diligence en compagnie d'une charmante jeune dame, sur cet air " the way to happiness " comme le chante ce vieux chanteur chevelu et son guitariste, berçé par ces tapements de santiagues sur les lattes en bois jonchées de bière et de traces de sang (les bagarres sont courantes dans un saloon). Je continuais à revasser jusqu'au moment où Kurt (le sherif) me bouscula à m'en faire perdre mon chapeau, lorsque je releva les yeux, " le chef de la ville "cracha sa chique -mâchée assez longuement information due a son aspect liquide- à juste quelques centimètres de mes bottes, pendant ce temps là, deux hommes, un ancien de l'armée (probablement un soldat de la guerre de sécession au vu de son uniforme) et un chinois se battaient et commençaient a crier bien plus fort que la musique des Dead redneck, les chaises commençaient a voler au dessus de ma tête, le chinois aurait apparament gagné la partie de poker disputée à leur table et voudrait donc récuperer son gain : le colt du soldat, le soldat ne semble pas accepter sa défaite au jeu...

Le rêve s'achève ainsi en même temps que la représentation du groupe , les " Dead Redneck " m'ont envoûté comme aucun duel ou condamnation à mort l'avaient fait auparavant, mes oreilles pourtant nettoyées il y a quelques mois, semblaient comme débouchées , ouvertes au monde , ouvertes à la musique que je venais d'entendre, les notes du piano bar me semblaient bien plus fausses qu'avant , tout était plus légé et plus limpide, je me demandais maintenant comment j'allais pouvoir garder ses mélodies dans mon esprit assez longtemps, avant de les revoir un jour peut être loin, très loin vers l'est , la ou les déserts n'existent pas ...

Thomas Swarley Alias K.Rock